Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Œuvres posthumes.

(Langue portugaise)

Discours prononcé aux obsèques d’Allan Kardec


le 2 avril 1869, par Camille FLAMMARION.

Messieurs,

En me rendant avec déférence à l’invitation sympathique des amis du penseur laborieux dont le corps terrestre gît maintenant à nos pieds, je me souviens d’une sombre journée du mois de décembre 1865. Je prononçais alors de suprêmes paroles d’adieu sur la tombe du fondateur de la Librairie académique, de l’honorable Didier, qui fut, comme éditeur, le collaborateur convaincu d’Allan Kardec dans la publication des ouvrages fondamentaux d’une doctrine qui lui était chère, et qui mourut subitement aussi, comme si le ciel eût voulu épargner à ces deux esprits intègres l’embarras philosophique de sortir de cette vie par une voie différente de la voie communément reçue. — La même réflexion s’applique à la mort de notre ancien collègue Jobard, de Bruxelles.

Aujourd’hui ma tâche est plus grande encore, car je voudrais pouvoir représenter à la pensée de ceux qui m’entendent, et à celle des millions d’hommes qui, dans le nouveau monde, se sont occupés du problème encore mystérieux des phénomènes surnommés spirites ; — je voudrais, dis-je pouvoir leur représenter l’intérêt scientifique et l’avenir philosophique de l’étude de ces phénomènes (à laquelle se sont livrés, comme nul ne l’ignore, des hommes éminents parmi nos contemporains). J’aimerais leur faire entrevoir quels horizons inconnus la pensée humaine verra s’ouvrir devant elle, à mesure qu’elle étendra sa connaissance positive des forces naturelles en action autour de nous ; leur montrer que de telles constatations sont l’antidote le plus efficace de la lèpre de l’athéisme qui semble s’attaquer particulièrement à notre époque de transition ; et témoigner enfin publiquement ici de l’éminent service que l’auteur du Livre des Esprits a rendu à la philosophie, en appelant l’attention et la discussion sur des faits qui, jusqu’alors, appartenaient au domaine morbide et funeste des superstitions religieuses.

Ce serait, en effet, un acte important d’établir ici devant cette tombe éloquente, que l’examen méthodique des phénomènes appelés à tort surnaturels, loin de renouveler l’esprit superstitieux et d’affaiblir l’énergie de la raison, éloigne, au contraire, les erreurs et les illusions de l’ignorance, et sert mieux le progrès que la négation illégitime de ceux qui ne veulent point se donner la peine de voir.

Mais ce n’est pas ici le lieu d’ouvrir une arène à la discussion irrespectueuse. Laissons seulement descendre de nos pensées, sur la face impassible de l’homme couché devant nous, des témoignages d’affection et des sentiments de regret, qui restent autour de lui dans son tombeau comme un embaumement du cœur ! Et puisque nous savons que son âme éternelle survit à cette dépouille mortelle comme elle lui a préexisté ; puisque nous savons que des liens indestructibles rattachent notre monde visible au monde invisible ; puisque cette âme existe aujourd’hui aussi bien qu’il y a trois jours, et qu’il n’est pas impossible qu’elle ne se trouve actuellement ici devant moi ; disons-lui que nous n’avons pas voulu voir s’évanouir son image corporelle et l’enfermer dans son sépulcre, sans honorer unanimement ses travaux et sa mémoire, sans payer un tribut de reconnaissance à son incarnation terrestre, si utilement et si dignement remplie.

Je retracerai d’abord dans une esquisse rapide les lignes principales de sa carrière littéraire.

Mort à l’âge de 65 ans, Allan Kardec avait consacré la première partie de sa vie à écrire des ouvrages classiques, élémentaires, destinés surtout à l’usage des instituteurs de la jeunesse. Lorsque, vers 1855, les manifestations, en apparence nouvelles, des tables tournantes, des coups frappés sans cause ostensible, des mouvements insolites des objets et des meubles, commencèrent à attirer l’attention publique et déterminèrent même chez des imaginations aventureuses une sorte de fièvre due à la nouveauté de ces expériences, Allan Kardec, étudiant à la fois le magnétisme et ses effets étranges, suivit avec la plus grande patience et une judicieuse clairvoyance les expériences et les tentatives si nombreuses faites alors à Paris. Il recueillit et mit en ordre les résultats obtenus par cette longue observation et en composa le corps de doctrine publié en 1857 dans la première édition du Livre des Esprits. Vous savez tous quel succès accueillit cet ouvrage, en France et à l’étranger.

Parvenu aujourd’hui à sa 15º édition, n il a répandu dans toutes les classes ce corps de doctrine élémentaire, qui n’est point nouveau dans son essence, puisque l’école de Pythagore en Grèce et celle des druides dans notre pauvre Gaule, en enseignaient les principes, mais qui revêtait une véritable forme d’actualité par sa correspondance avec les phénomènes.

Après ce premier ouvrage, parurent successivement le Livre des Médiums ou Spiritisme expérimental ; — Qu’est-ce que le Spiritisme ? ou abrégé sous forme de questions et de réponses ; — l’Évangile selon le Spiritisme ; — Le Ciel et l’Enfer ; — La Genèse : — et la mort vient de le surprendre au moment où, dans son activité infatigable, il travaillait à un ouvrage sur les rapports du magnétisme et du Spiritisme.

Par la Revue Spirite et la Société de Paris dont il était président, il s’était constitué, en quelque sorte, le centre où tout aboutissait, le trait d’union de tous les expérimentateurs. Il y a quelques mois, sentant sa fin prochaine, il a préparé les conditions de vitalité de ces mêmes études après sa mort, et établi le Comité central qui lui succède.

Il a soulevé des rivalités ; il a fait école sous une forme un peu personnelle ; il y a encore quelque division entre les « spiritualistes » et les « spirites ». Désormais, Messieurs (tel est, du moins, le voeu des amis de la vérité), nous devons être tous réunis par une solidarité confraternelle, par les mêmes efforts vers l’élucidation du problème, par le désir général et impersonnel du vrai et du bien.

On a objecté, Messieurs, à notre digne ami auquel nous rendons aujourd’hui les derniers devoirs, on lui a objecté de n’être point ce qu’on appelle un savant, de n’avoir pas été d’abord physicien, naturaliste ou astronome, et d’avoir préféré constituer un corps de doctrine morale avant d’avoir appliqué la discussion scientifique à la réalité et à la nature des phénomènes.

Peut-être, Messieurs, est-il préférable que les choses aient ainsi commencé. Il ne faut pas toujours rejeter la valeur du sentiment. Combien de cœurs ont été consolés d’abord par cette croyance religieuse ! Combien de larmes ont été séchées ! combien de consciences ouvertes au rayon de la beauté spirituelle ! Tout le monde n’est pas heureux ici-bas. Bien des affections ont été déchirées ! Bien des âmes ont été endormies par le scepticisme ! N’est-ce donc rien que d’avoir amené au spiritualisme tant d’êtres qui flottaient dans le doute et qui n’aimaient plus la vie ni physique ni intellectuelle ?

Allan Kardec eût été homme de science, que, sans doute, il n’eût pu rendre ce premier service et répandre ainsi au loin comme une invitation à tous les cœurs.

Mais il était ce que j’appellerai simplement « le bon sens incarné ». Raison droite et judicieuse, il appliquait sans oubli à son œuvre permanente les indications intimes du sens commun. Ce n’était pas là une moindre qualité, dans l’ordre de choses qui nous occupe. C’était, on peut l’affirmer, la première de toutes et la plus précieuse, sans laquelle l’œuvre n’eût pu devenir populaire ni jeter ses immenses racines dans le monde. La plupart de ceux qui se sont livrés à ces études se sont souvenus avoir été dans leur jeunesse, ou dans certaines circonstances spéciales, témoins eux-mêmes de manifestations inexpliquées ; il est peu de familles qui n’aient observé dans leur histoire des témoignages de cet ordre. Le premier point était d’y appliquer la raison ferme du simple bon sens et de les examiner selon les principes de la méthode positive.

Comme l’organisateur de cette étude lente et difficile l’a prévu lui-même, cette complexe étude doit entrer maintenant dans sa période scientifique. Les phénomènes physiques sur lesquels on n’a pas insisté d’abord, doivent devenir l’objet de la critique expérimentale, à laquelle nous devons la gloire du progrès moderne et les merveilles de l’électricité et de la vapeur ; cette méthode doit saisir les phénomènes de l’ordre encore mystérieux auxquels nous assistons, les disséquer, les mesurer, et les définir.

Car, Messieurs, le Spiritisme n’est pas une religion, mais c’est une science, science dont nous connaissons à peine l’a b c. Le temps des dogmes est fini. La nature embrasse l’univers, et Dieu lui-même, qu’on a fait jadis à l’image de l’homme, ne peut être considéré par la métaphysique moderne que comme un Esprit dans la nature. Le surnaturel n’existe pas. Les manifestations obtenues par l’intermédiaire des médiums, comme celles du magnétisme et du somnambulisme, sont de l’ordre naturel et doivent être sévèrement soumises au contrôle de l’expérience. Il n’y a plus de miracles. Nous assistons à l’aurore d’une science inconnue. Qui pourrait prévoir à quelles conséquences conduira dans le monde de la pensée l’étude positive de cette psychologie nouvelle ?

La science régit le monde désormais ; et, Messieurs, il ne sera pas étranger à ce discours funèbre de remarquer son œuvre actuelle et les inductions nouvelles qu’elle nous découvre, précisément au point de vue de nos recherches.

A aucune époque de l’histoire, la science n’a développé devant le regard étonné de l’homme des horizons aussi grandioses. Nous savons maintenant que la Terre est un astre et que notre vie actuelle s’accomplit dans le ciel. Par l’analyse de la lumière, nous connaissons les éléments qui brûlent dans le soleil et dans les étoiles à des millions et à des trillions de lieues de notre observatoire terrestre. Par le calcul, nous possédons l’histoire du ciel et de la terre dans leur passé lointain comme dans leur avenir, qui n’existent pas pour les lois immuables. Par l’observation, nous avons pesé les terres célestes qui gravitent dans l’étendue. Le globe où nous sommes est devenu un atome stellaire volant dans l’espace au milieu des profondeurs infinies, et notre propre existence sur ce globe est devenue une fraction infinitésimale de notre vie éternelle. Mais ce qui peut à juste titre nous frapper plus vivement encore, c’est cet étonnant résultat de travaux physiques opérés en ces dernières années : que nous vivons au milieu d’un monde invisible agissant sans cesse autour de nous. Oui, Messieurs, c’est là, pour nous, une révélation immense. Contemplez, par exemple, la lumière répandue à cette heure dans l’atmosphère par ce brillant soleil, contemplez cet azur si doux de la voûte céleste, remarquez ces effluves d’air tiède qui viennent caresser nos visages, regardez ces monuments et cette terre : eh bien, malgré nos yeux grands ouverts, nous ne voyons pas ce qui se passe ici ! Sur cent rayons émanés du soleil, un tiers seulement sont accessibles à notre vue, soit directement, soit réfléchis par tous ces corps ; les deux tiers existent et agissent autour de nous, mais d’une manière invisible quoique réelle. Ils sont chauds, sans être lumineux pour nous et sont cependant beaucoup plus actifs que ceux qui nous frappent, car ce sont eux qui attirent les fleurs du côté du soleil, qui produisent toutes les actions chimiques, n et ce sont eux aussi qui élèvent, sous une forme également invisible, la vapeur d’eau dans l’atmosphère pour en former les nuages, — exerçant ainsi incessamment autour de nous, d’une manière occulte et silencieuse, une force colossale, mécaniquement évaluable au travail de plusieurs milliards de chevaux !

Si les rayons calorifiques et les rayons chimiques qui agissent constamment dans la nature sont invisibles pour nous, c’est parce que les premiers ne frappent pas assez vite notre rétine, et parce que les seconds la frappent trop vite. Notre œil ne voit les choses qu’entre deux limites, en deçà et au-delà desquelles il ne voit plus. Notre organisme terrestre peut être comparé à une harpe à deux cordes, qui sont le nerf optique et le nerf auditif. Une certaine espèce de mouvements met en vibration la première et une autre espèce de mouvements met en vibration la seconde : c’est là toute la sensation humaine, plus restreinte ici que celle de certains êtres vivants, de certains insectes, par exemple, chez lesquels ces mêmes cordes de la vue et de l’ouïe sont plus délicates. Or, il existe, en réalité, dans la nature, non pas deux, mais dix, cent, mille espèces de mouvements. La science physique nous enseigne donc que nous vivons ainsi au milieu d’un monde invisible pour nous et qu’il n’est pas impossible que des êtres (invisibles également pour nous) vivent également sur la terre, dans un ordre de sensations absolument différent du nôtre, et sans que nous puissions apprécier leur présence, à moins qu’ils ne se manifestent à nous par des faits rentrant dans notre ordre de sensations.

Devant de telles vérités, qui ne font encore que s’entrouvrir, combien la négation a priori ne paraît-elle pas absurde et sans valeur ! Quand on compare le peu que nous savons, et l’exiguïté de notre sphère de perception à la quantité de ce qui existe, on ne peut s’empêcher de conclure que nous ne savons rien et que tout nous reste à savoir. De quel droit prononcerions-nous donc le mot « impossible » devant des faits que nous constatons sans pouvoir en découvrir la cause unique ?

La science nous ouvre des vues aussi autorisées que les précédentes sur les phénomènes de la vie et de la mort et sur la force qui nous anime. Il nous suffit d’observer la circulation des existences.

Tout n’est que métamorphose. Emportés dans leur cours éternel, les atomes constitutifs de la matière passent sans cesse d’un corps à l’autre, de l’animal à la plante, de la plante à l’atmosphère, de l’atmosphère à l’homme, et notre propre corps pendant la durée entière de notre vie change incessamment de substance constitutive, comme la flamme ne brille que par des éléments sans cesse renouvelés ; et quand l’âme s’est envolée, ce même corps, tant de fois transformé déjà pendant la vie, rend définitivement à la nature toutes les molécules pour ne plus les reprendre. Au dogme inadmissible de la résurrection de la chair s’est substituée la haute doctrine de la transmigration des âmes.

Voici le soleil d’avril qui rayonne dans les cieux et nous inonde de sa première rosée calorescente. Déjà les campagnes se réveillent, déjà les premiers bourgeons s’entrouvrent, déjà le printemps fleurit, l’azur céleste sourit, et la résurrection s’opère ; et pourtant cette vie nouvelle n’est formée que par la mort et ne recouvre que des ruines ! D’où vient la sève de ces arbres qui reverdissent dans ce champ des morts ? d’où vient cette humidité qui nourrit leurs racines ? d’où viennent tous les éléments qui vont faire apparaître sous les caresses de mai les petites fleurs silencieuses et les oiseaux chanteurs ? — De la mort !… Messieurs…, de ces cadavres ensevelis dans la nuit sinistre des tombeaux !… Loi suprême de la nature, le corps n’est qu’un assemblage transitoire de particules qui ne lui appartiennent point et que l’âme a groupées suivant son propre type pour se créer des organes la mettant en relation avec notre monde physique. Et tandis que notre corps se renouvelle ainsi pièces par pièces par l’échange perpétuel des matières, tandis qu’un jour il tombe, masse inerte, pour ne plus se relever, notre esprit, être personnel, a gardé constamment son identité indestructible, a régné en souverain sur la matière dont il était revêtu, établissant ainsi par ce fait constant et universel sa personnalité indépendante, son essence spirituelle non soumise à l’empire de l’espace et du temps, sa grandeur individuelle, son immortalité.

En quoi consiste le mystère de la vie ? par quels liens l’âme est-elle rattachée à l’organisme ? par quel dénouement s’en échappe-t-elle ? sous quelle forme et en quelles conditions existe-t-elle après la mort ? quels souvenirs, quelles affections garde-t-elle ? — Ce sont là, Messieurs, autant de problèmes qui sont loin d’être résolus et dont l’ensemble constituera la science psychologique de l’avenir. Certains hommes peuvent nier l’existence même de l’âme comme celle de Dieu, affirmer que la vérité morale n’existe pas, qu’il n’y a point de lois intelligentes dans la nature, et que nous, spiritualistes, sommes les dupes d’une immense illusion. D’autres peuvent, à l’opposé, déclarer qu’ils connaissent par un privilège spécial l’essence de l’âme humaine, la forme de l’Être suprême, l’état de la vie future, et nous traiter d’athées, parce que notre raison se refuse à leur foi. Les uns et les autres, Messieurs, n’empêcheront pas que nous soyons ici en face des plus grands problèmes, que nous ne nous intéressions à ces choses (qui sont loin de nous être étrangères), et que nous n’ayons le droit d’appliquer la méthode expérimentale de la science contemporaine à la recherche de la vérité.

C’est par l’étude positive des effets que l’on remonte à l’appréciation des causes. Dans l’ordre des études réunies sous la dénomination générique de « spiritisme », les faits existent. Mais nul ne connaît leur mode de production. Ils existent, tout aussi bien que les phénomènes électriques, lumineux, caloriques ; mais, Messieurs, nous ne connaissons ni la biologie, ni la physiologie. Qu’est-ce que le corps humain ? qu’est-ce que le cerveau ? quelle est l’action absolue de l’âme ? Nous l’ignorons. Nous ignorons également l’essence de l’électricité, l’essence de la lumière ; il est donc sage d’observer sans parti pris tous ces faits et d’essayer d’en déterminer les causes, qui sont peut-être d’espèces diverses et plus nombreuses que nous ne l’avons supposé jusqu’ici.

Que ceux dont la vue est bornée par l’orgueil ou par le préjugé ne comprennent point ces anxieux désirs de nos pensées avides de connaître ; qu’ils jettent sur ce genre d’étude le sarcasme ou l’anathème ; nous élevons plus haut nos contemplations !… Tu fus le premier, ô maître et ami ! tu fus le premier qui, dès le début de ma carrière astronomique, témoigna une vive sympathie pour mes déductions relatives à l’existence des humanités célestes ; car, prenant en main le livre de la Pluralité des mondes habités, tu le posas tout de suite à la base de l’édifice doctrinaire que tu rêvais. Bien souvent nous nous entretenions ensemble de cette vie céleste si mystérieuse ; maintenant, ô âme ! tu sais par une vision directe en quoi consiste cette vie spirituelle à laquelle nous retournerons tous, et que nous oublions pendant cette existence.

Maintenant tu es retourné à ce monde d’où nous sommes venus, et tu recueilles le fruit de tes études terrestres. Ton enveloppe dort à nos pieds, ton cerveau est éteint, tes yeux sont fermés pour ne plus s’ouvrir, ta parole ne se fera plus entendre… Nous savons que tous nous arriverons à ce même dernier sommeil, à la même inertie, à la même poussière. Mais ce n’est pas dans cette enveloppe que nous mettons notre gloire et notre espérance. Le corps tombe, l’âme reste et retourne à l’espace. Nous nous retrouverons dans un monde meilleur, et dans le ciel immense où s’exerceront nos facultés les plus puissantes, nous continuerons les études qui n’avaient sur la terre qu’un théâtre trop étroit pour les contenir.

Nous aimons mieux savoir cette vérité que de croire que tu gis tout entier dans ce cadavre et que ton âme ait été détruite par la cessation du jeu d’un organe. L’immortalité est la lumière de la vie, comme cet éclatant soleil est la lumière de la nature.

Au revoir, mon cher Allan Kardec, au revoir.



[1] En 1869.


[2] Notre rétine est insensible pour ces rayons ; mais d’autres substances les voient, par exemple l’iode et les sels d’argent. On a photographié le spectre solaire chimique, que notre œil ne voit pas. La plaque du photographe n’offre, du reste, jamais, aucune image visible en sortant de la chambre noire, quoiqu’elle la possède, puisqu’une opération chimique la fait apparaître.


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